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Lorraine et

Franche-Comté ...


Paysage de transition entre Vôge et Vosges, à Hautmantarde, à l'ouest de Remiremont







La Lorraine et la Franche-Comté sont deux régions de l'est de la France à la forte identité, héritage d'une histoire séculaire. Les relations furent complexes entre le Comté de Bourgogne au sud et le Duché de Lorraine au nord, parfois conflictuelles.

Le Pays de Remiremont, parce qu'il se situe à la limite de ces deux régions possède une histoire originale que l'on retrouve encore de nos jours comme une curiosité intéressante.

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Blason de la LorraineLorraine et Franche-ComtéBlason de Franche-Comté

La Lorraine et la Franche-Comté sont deux régions à la forte identité et à la singularité particulière du fait d'une histoire marquée par une tradition d'indépendance où chaque région possédait ses pouvoirs locaux durant les périodes du Duché de Lorraine (959-1766) et du Comté de Bourgogne (986-1678). Ces terres lorraine et comtoises situées à la bordure d'une France s'étendant vers l'est sous l'impulsion d'un pouvoir royal fort, vont résister des siècles en tant que véritables nations régionales avec leur capitales (Nancy pour la Lorraine et Dole pour la Franche-Comté) dans la mouvance d'autres nations européennes (Saint-Empire romain germanique pour la Lorraine et la Franche-Comté (avec Royaume d'Espagne pour cette dernière)). Chacunes tour à tour (1678 pour la Franche-Comté, 1766 pour la Lorraine) vont être rattachées au Royaume de France pour appartenir à ce qui va devenir plus tard à la Révolution la nation française.

Ces deux régions ont connu des destins différents et possèdent donc des particularités assez marquées, elles forment avec l'Alsace, les trois régions de l'est de la France marquées par une histoire autonome et européenne se traduisant aujourd'hui par une identité et une cohésion forte. Il en résulte une coexistence toujours marqué par les spécificités de chacun, même si depuis désormais 250 ans toutes appartiennent au même pays.

Les relations entre la Lorraine et la Franche-Comté ont le plus souvent été conflictuelles, la période emblématiqué  de cette opposion est bien entendu l'épopée de Charles le Téméraire en Lorraine et sa volonté de réunir sous un même ensemble les terres allant des Pays-Bas à la Bourgogne et sa défaite finale devant les murs de Nancy en 1477. Le plus souvent les relations ont été peu intenses du fait que les centres des deux régions étaient éloignés, les terres où les régions se touchaient (haut bassin de la Saône) étaient marginales pour les deux régions, d'où une problématique frontalière peu marquée, en comparaison  des relations entre Lorraine et Champagne d'une part et Bourgogne et Franche-Comté d'autre part.

Le Pays de Remiremont, parce qu'il est situé à la frontière des deux régons, est soumis à ces logiques, ceci d'autont plus qu'il était un Pays dans le Duché de Lorraine avec ses propres particularismes hérités de la période multiséculaire des Abbesses de Remiremont, princesses d'Empire jusqu'à la Révolution. 

La frontière entre Lorraine et Franche-Comté située sur les hauts de Moselle est très ancienne, elle s'est très tôt fixée, à l'instar de la limite avec l'Alsace, favorisée par les dispositions géographiques clairement délimitées des lieux. Sur les cartes anciennes (16ème siècle et après) on retrouve déjà clairement cette limite, qui existe depuis la Gaule romaine, et qui s'est perpétuée sous l'Empire carolingien (entre Austrasie et Bourgogne) puis le haut Moyen Âge (entre Lotharingie et Royaume de Bourgogne). La vallée de la Haute-Moselle a naturellement regardé vers l'aval, vers Remiremont et la Lorraine, tandis que les terres drainées par les affluents de la Saône sur le versant opposé (vallée du Breuchin par exemple) ont regardé vers Faucogney (Pays du Chanois), Luxeuil et la Franche-Comté (Baillage d'Amont). La vallée de la Haute-Moselle est effectivement devenue lorraine dès le milieu du Moyen Âge, une fois Remiremont tombée dans l'orbite du Duché de Lorraine.

L'appartenance à la Lorraine de Plombières-les-Bains et du Val d'Ajol tient en partie du fait de l'éloignement relatif des localités comtoises situées en aval (Fougerolles et Aillevillers) et de la puissante attraction de Remiremont au nord. Plombières-les-Bains, bien que située sur l'autre versant de la ligne de partage des eaux, fut lorraine très tôt. Le duc Ferry III y fait même ériger une forteresse à la fin du 13ème siècle sur des terres appartenant à l'abbaye de Remiremont. Le Val d'Ajol devint en revanche défintivement lorrain bien plus tard en 1704. Le Val d'Ajol, Fougerolles et certaines localités situées à l'ouest furent en effet terres de surséance pendant deux siècles de 1508 à 1704, avant le partage définitif décidé entre Louis XIV et le duc Léopold de Lorraine Faucogney, à l'est, fut comtoise dès le haut Moyen Âge.

Vue sur la haute vallée de la Combeauté, en amont du Val d'Ajol Vue sur la haute vallée de la Combeauté, en amont du Val d'Ajol
Si bien qu'aujourd'hui la Franche-Comté sépare le Val de Combeauté du Val de Moselle en s'avançant en forme de triangle en terre lorraine. Cette extrémité comtoise est due à la présence des vallées du Ruisseau de la Croslière à l'ouest et du Ruisseau du Tampa à l'est, affluents du Breuchin.

La limite régionale ne suit pas rigoureusement la ligne de partage des eaux comme la frontière alsacienne, en effet elle la ligne de crète dominant la vallée de la Haute-Moselle est presque toujours située en terre comtoise. Ceci est vraisemblament du à la fois à une géographie plus favorable (montée en pente douce depuis la Franche-Comté) et à un peuplement important dans les hautes terres comtoise. Cette disposition est nette au niveau du Col du Mont de Fourche ou tout le flanc de montagne jusqu'au fort de Rupt se situe en Franche-Comté.

Le point de vue du Bambois (809 mètres) donnant sur les hautes terres du Breuchin
Le point de vue du Bambois (809 mètres) donnant sur les hautes terres du Breuchin

Les terres supérieures de l'autre côté de la crête sont profondément comtoises, ainsi Faucogney sera la dernière ville comtoise à tomber sous l'invasion francaise, les hauts appartenant au Pays de Faucogney (Plateau des Mille Etangs) continueront néanmoins de résister à l'occupant. Au Moyen Âge, Faucogney était une place forte et un passage obligé vers la Lorraine. Les Sires de Faucogney rayonnaient sur une bonne partie de l’actuelle Haute-Saône avec notamment les 4 entrées vers la Lorraine : col du Mont de Fourche, Col des Croix, Fougerolles et Saint-Loup. En 1674, Faucogney fut le dernier bastion espagnol, lors de la conquête de la Franche-Comté par les troupes françaises de Louis XIV. La cité tomba après une lutte héroïque le 4 juillet 1674.

Car en effet, il y a très peu de passages encore à l'heure actuelle entre Lorraine et Franche Comté dans ce secteur, pour des raisons géographiques et historiques. D'ouest en est on a : la vallée de la Sémouse, la vallée de l'Augronne (2), la Croisette, la vallée de la Combeauté (2), la Molière, les Prés Benons, le haut des Mousses, les Graviers, le Col du Mont de Fourche, le carrefour du Monument du Poteau, le Col des Croix.

A l'est se trouvent les deux cols du Mont de fourche (vers Longchamp) et des Croix (vers le Thillot, qui était un point de douane lorrain depuis l'Alsace et la Franche-Comté). A l'ouest se trouvent les vallées de la Combeauté avec Fougerolles et de la Sémouse (et de l'Augronne) avec Saint-Loup.Il y avait de nombreux chemins à travers champs et forêts (chemins pavés depuis la Haute-Moselle) mais ne pouvaient faire office de route de commerce (non carrossables). Aujourd’hui l'extrémité comtoise n'est accessible que par seulement 3 routes depuis la Lorraine (nord vers le Girmont-Val d'Ajol), est vers Rupt-sur-Moselle et ouest vers le Val d'Ajol.

La limite n'ayant jamais eu l'importante stratégique de la frontière alsacienne par la suite, est caractérisée par un marquage moins soigné, de nombreuses parties étant non bornées et laissées à l'abandon.

Il faut bien se rendre comte qu'il s'agit de deux régions autrefois pays rivaux aux caractéristiques culturelles disctinctes ayant connu des destins différents. Le patois parlé n'est pas le même non plus d'un côté ou de l'autre de la montagne (le patois Ajolais est assez particulier et est un mélange de patois vosgien et comtois) même si les deux régions ont toujours parlé la même langue (langue d'oïl). Il n'y a pas de frontière linguistique comme celle séparant l'Alsace de la Lorraine, les noms de lieux sont similaires avec leur caractéristique très vosgienne.

La Route des Forts est une ancienne route stratégique, qui servait jadis de frontière provinciale entre la Lorraine et la Franche-Comté. Elle sépare aujourd'hui (pacifiquement) les départements des Vosges et de la Haute-Saône. La route possède des panoramas sauvages sur un itinéraire peu fréquenté au coeur du Parc naturel régional des Ballons des Vosges

La limite régionale entre Lorraine (à gauche) et Franche-Comté (à droite) sur la Haute-Moselle
La limite régionale entre Lorraine (à gauche) et Franche-Comté (à droite) sur la Haute-Moselle
Bien que très proches géographiquement, les villages de Haute-Saône et les villes vosgiennes ont peu de choses en commun, s'oubliant presque. Lorsqu'on se trouve à Rupt-sur-Moselle on pense à Remiremont ou à l'Alsace, mais non à la la Franche-Comté pourtant toute proche. Le même phénomène se retrouve à Plombières-les-Bains ou au Val d'Ajol qui regardent vers le Nord et Remiremont et non vers le sud pourtant géographiquement plus proche et accessible. Ce phénomène est dû à l'histoire, mais également à la réalité géographique et économque : la Haute-Saône est un département rural avec peu de villes. En effet dans se secteur ne se trouve aucune agglomération, à l'exception notable de Luxeuil-les-Bains. Les villages ont encore un air d'après guerre dans certains endroits, loin de tout tumulte comtemporain, ce qui fait leurs charme mais qui pose aussi des difficultés. Une frontière invisible subsiste donc toujours.


La limite régionale entre Lorraine (à gauche) et Franche-Comté (à droite) sur la Haute-Mosell
La Lorraine et la Franche-Comté sont liés dans ce secteur par une longue histoire et une riche et complexe relation , la terre a le vécu de populations présentes et en contact depuis des siècles et posséde à ce titre toujours une forte identité.

Les deux terres étrangères firent finalement partie du même pays en 1766 au moment du rattachement de la Lorraine à la France (1678 pour la Franche-Comté) à la Révolution, même si les barrières douanières subsisteront encore jusque la Révolution. Ce fut la Révolution qui cimenta finalement le sentiment d'appartenance à une nation commune.


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